Hors de l'Eglise, point de salut.
Posté : 10 déc. 2005 13:08
Voici quelques mois, j'avais assisté à une conférence sur les rapports entre les trois grandes religions monothéistes. Je m'étais permis de faire remarquer discrètement que l'adage "Hors de l'Eglise, point de salut" était toujours valable, même si cela ne voulait pas dire que seuls les catholiques pouvaient accéder à la vision béatifique. Le sourire condescendant de la conférencière chrétienne -théologienne catholique, paraît-il - m'avait plongé dans la perplexité.
Mais il se trouve que j'ai fait récemment un investissement de poids : Voici quel est notre Dieu, ouvrage dans lequel le cardinal Ratzinger répondait aux questions posées par Peter Seewald.
C'est là qu'un constat -dont j'ai aussitôt tiré une jouissance bien peu chrétienne- s'est imposé : j'étais en accord avec un des plus grands théologiens catholiques, futur pape, contre une autre théologienne catholique. Je cite donc in extenso la réponse du cardinal, dans un esprit de basse revanche et d'édification ; non pas que j'accorde aux écrits du susdit cardinal un caractère infaillible, mais son propos me semble juste, mesuré et qui plus est clairement exprimé (qu'il me pardonne le caractère orgueilleusement évaluatif de mes propos ; déformation "professionnelle" d'un enseignant en puissance).
Peter Seewald :
- "Dieu, oui, l'Eglise, non !" est devenu un slogan courant. Saint Cyprien, évêque de Carthage (200-258) disait à ce propos : "Hors de l'Eglise, point de salut", car "celui qui n'a pas l'Eglise pour mèrene peut avoir Dieu pour père". Est-ce encore vrai aujourd'hui ?
Cardinal Ratzinger :
- Cela ne vaut pas dans le sens où tous les non-chrétiens seraient condamnés à l'enfer. Mais cela signifie qu'on a de quelque manière besoin de la mère même si on ne la connaît pas. De la communauté qui fait naître à la foi et oriente vers Dieu.
Cyprien parle de la relation entre Dieu et l'Eglise dans le contexte de la persécution. Il pense à des chrétiens qui quittent l'Eglise mais croient continuer d'adhérer au Christ et à Dieu. Il leur dit que celui qui abandonne la communauté vivante, le corps vivant, quitte l'arche de Noé et sombre dans les flots. Il met ainsi en évidence qu'on ne peut séparer la foi au Christ et à l'Eglise.
Je ne peux pas faire du Christ une propriété privée et l'avoir pour moi tout seul. D'une certaine manière, l'inconfort de sa famille fait partie du Christ. La foi est un don à la communauté ou elle ne l'est pas. Cyprien n'a pas inventé une théorie sur ce que Dieu ferait de ceux qui ne connaissaient pas l'Eglise. Saint Paul lui aussi, qui insiste tant sur l'Eglise, dit que nous devons nous conduire convenablement dans l'Eglise ; ce que Dieu fera avec ceux du dehors, c'est Lui qui le fera, c'est Lui qui les jugera. Ainsi Paul ne développe pas plus de théorie sur la manière dont Dieu traitera les autres. Mais il nous dit que celui à qui le Christ s'est révélé ne peut pas se séparer de l'Eglise et doit vivre en elle.
Bien entendu, cela ouvre sur une redoutable question : Qu'est-ce que l'Eglise ? Qui en fait partie ? A suivre...
Source : http://d-cortes.blogspot.com/
Une phrase qui fait réagir, en général. :D . Que vous en semble ?
(Merci de ne répondre qu'après avoir lu l'interprétation qu'en donne Ratzinger, sinon vous risquez de vous indigner pour rien ; cela dit peut-être certains pensent-ils qu'il faut donner un sens beaucoup plus fort à l'adage ? Tétraèdre ? )
Mais il se trouve que j'ai fait récemment un investissement de poids : Voici quel est notre Dieu, ouvrage dans lequel le cardinal Ratzinger répondait aux questions posées par Peter Seewald.
C'est là qu'un constat -dont j'ai aussitôt tiré une jouissance bien peu chrétienne- s'est imposé : j'étais en accord avec un des plus grands théologiens catholiques, futur pape, contre une autre théologienne catholique. Je cite donc in extenso la réponse du cardinal, dans un esprit de basse revanche et d'édification ; non pas que j'accorde aux écrits du susdit cardinal un caractère infaillible, mais son propos me semble juste, mesuré et qui plus est clairement exprimé (qu'il me pardonne le caractère orgueilleusement évaluatif de mes propos ; déformation "professionnelle" d'un enseignant en puissance).
Peter Seewald :
- "Dieu, oui, l'Eglise, non !" est devenu un slogan courant. Saint Cyprien, évêque de Carthage (200-258) disait à ce propos : "Hors de l'Eglise, point de salut", car "celui qui n'a pas l'Eglise pour mèrene peut avoir Dieu pour père". Est-ce encore vrai aujourd'hui ?
Cardinal Ratzinger :
- Cela ne vaut pas dans le sens où tous les non-chrétiens seraient condamnés à l'enfer. Mais cela signifie qu'on a de quelque manière besoin de la mère même si on ne la connaît pas. De la communauté qui fait naître à la foi et oriente vers Dieu.
Cyprien parle de la relation entre Dieu et l'Eglise dans le contexte de la persécution. Il pense à des chrétiens qui quittent l'Eglise mais croient continuer d'adhérer au Christ et à Dieu. Il leur dit que celui qui abandonne la communauté vivante, le corps vivant, quitte l'arche de Noé et sombre dans les flots. Il met ainsi en évidence qu'on ne peut séparer la foi au Christ et à l'Eglise.
Je ne peux pas faire du Christ une propriété privée et l'avoir pour moi tout seul. D'une certaine manière, l'inconfort de sa famille fait partie du Christ. La foi est un don à la communauté ou elle ne l'est pas. Cyprien n'a pas inventé une théorie sur ce que Dieu ferait de ceux qui ne connaissaient pas l'Eglise. Saint Paul lui aussi, qui insiste tant sur l'Eglise, dit que nous devons nous conduire convenablement dans l'Eglise ; ce que Dieu fera avec ceux du dehors, c'est Lui qui le fera, c'est Lui qui les jugera. Ainsi Paul ne développe pas plus de théorie sur la manière dont Dieu traitera les autres. Mais il nous dit que celui à qui le Christ s'est révélé ne peut pas se séparer de l'Eglise et doit vivre en elle.
Bien entendu, cela ouvre sur une redoutable question : Qu'est-ce que l'Eglise ? Qui en fait partie ? A suivre...
Source : http://d-cortes.blogspot.com/
Une phrase qui fait réagir, en général. :D . Que vous en semble ?
(Merci de ne répondre qu'après avoir lu l'interprétation qu'en donne Ratzinger, sinon vous risquez de vous indigner pour rien ; cela dit peut-être certains pensent-ils qu'il faut donner un sens beaucoup plus fort à l'adage ? Tétraèdre ? )