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La paroisse de New York menacée

Posté : 13 juin 2006 00:59
par medico
La paroisse de New York menacée

Lieu de culte des catholiques francophones depuis 165 ans, l'église Saint-Vincent-de-Paul à New York est menacée de fermeture

L’avenir de l’église Saint-Vincent-de-Paul, dans le quartier new-yorkais de Chelsea, secoue la communauté catholique francophone locale. Des dizaines de fidèles ont manifesté dimanche 4 juin et font circuler une pétition pour conserver leur église, la seule qui assure une messe hebdomadaire en français sur Manhattan. L’institution historique, fondée en 1841 par les religieux de la Miséricorde grâce à des dons de la communauté française, ne remplit plus depuis longtemps les critères de viabilité fixés par le diocèse de New York. Celui-ci envisage actuellement la fermeture d’une trentaine de paroisses, dont Saint-Vincent-de-Paul.

« Nous n’avons pris aucune décision définitive pour l’instant », déclare Joseph Willing, porte-parole du diocèse. « Nous étudions les besoins à l’échelle du diocèse, qui comprend dix comtés. Les conditions linguistiques font aussi partie de nos préoccupations », rassure celui-ci.

Le P. Gérald Murray, américain francophone, qui officie tous les dimanches à Saint-Vincent-de-Paul, n’a pas pris part aux protestations : « L’idée de perdre une paroisse est triste, mais la décision du diocèse n’est pas infondée », affirme-t-il. D’après lui, la fréquentation de l’église ne dépasse pas 120 fidèles en temps normal, avec une pointe à 200 les jours de fête, des chiffres bien en deçà des «quotas» requis.
Les paroissiens se sont mobilisés pour sauver leur communauté

En outre, la pénurie de prêtres, le voisinage immédiat d’autres églises et des problèmes financiers motiveraient la fermeture de la paroisse francophone. «Dans l’avenir, il sera vraiment difficile de continuer à envoyer le peu de prêtres que nous avons dans autant de paroisses», explique le P. Murray, qui célèbre un office hebdomadaire en français dans le comté du Westchester où vit aujourd’hui une bonne partie de la communauté française.

Parmi les paroissiens francophones – originaires d’Afrique, d’Haïti, de Belgique, de Suisse, du Liban ou de France –, beaucoup se sont mobilisés pour tenter de sauver leur communauté. « Nous avons l’impression que les pressions matérielles prennent le pas sur le spirituel, regrette Clément Mbom, paroissien, professeur de littérature francophone à la City University de New York. Si l’église ferme ses portes, le risque est de voir les fidèles échouer dans des paroisses francophones d’autres confessions chrétiennes, presbytérienne ou évangélique par exemple », prévient-il.

Le diocèse de New York devrait faire connaître sa décision dans les semaines à venir. « Dans le pire des cas, assure Joseph Willing, des alternatives sont à l’étude pour reloger la paroisse francophone dans une autre église. » Les jours de Saint-Vincent-de-Paul seraient alors comptés. Le diocèse prévoit de démolir l’élégant édifice de style néo-grec pour construire un nouvel immeuble, qui n’abriterait plus qu’une chapelle.

Stéphanie FONTENOY à New York